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Les moniales- LE CARMEL DECHAUSSE AU CONGO

VIE D'UNE CARMELITE AFRICAINE

1.     Nos origines

            Je ne peux pas parler de notre vie au Carmel sans commencer par nos origines. Le Carmel a toute une histoire qui a commencé avec le Saint prophète Elie, notre père inspirateur. Ce prophète a vécu au Mont Carmel en Israël plusieurs siècles avant Jésus-Christ tout en brûlant de zèles pour le Dieu unique. D'où sa devise: « Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens », inscrit désormais sur notre écusson du Carmel.

            La Règle qui gère notre vie au Carmel fut tout d’abord une simple formule de vie donnée par saint Albert, patriarche de Jérusalem au XIIème siècle, à un groupe d’ermites installés sur le Mont-Carmel en Palestine. Ces ermites, issus des hommes partis pour la guerre de Croisade en terre sainte, se sont résolus de « vivre dans la dépendance à Jésus-Christ » et sur « son patrimoine » (Terre Sainte), à l’exemple du prophète Elie. Donc leur désir n’était pas de faire une fondation d’un ordre religieux au sens actuel du terme, mais d’être reconnu juridiquement comme étant un groupe vivant en communauté, ayant un idéal ascétique de pénitence et de solitude sur la terre même de Jésus, méditant jour et nuit la loi du Seigneur et veillant dans la prière. Ils prirent comme nom officiel: « Les frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel".

            Les frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel seront dispersés par les sarrasins qui envahirent la Terre Sainte avec le but expansionniste de la religion musulmane. Cela explique l'exode des frères de la Terre Sainte en Europe où ils sont difficilement acceptés. Souvent rejetés et même persécutés par les autorités, comme aussi par les évêques et les curés hostiles à des nouvelles formes de vie monastique, les ermites devaient s’adapter à une autre formule de vie.

            C’est au XIIIème siècle avec l’intervention du pape Innocent IV que la formule de vie a pu se convertir vraiment en Règle de vie, et les ermites du Mont-Carmel ont eu un statut juridique déterminé, différent de celui des laïcs vivant religieusement ; et c’est alors qu’on voit l’institut se transformer en un Ordre religieux assimilés aux ordres religieux des mendiants qui existaient déjà: les franciscains, les dominicains, etc.

            Ce nouveau statut aura des répercussions sur leur identité: de la vie érémitique, ils se sont retrouvés apostoliques avec moins de solitude, les sorties fréquentes pour de raisons d'apostolat et de mendicité. Les relâchements et les déviations de leur idéal de vie se firent jour et la contemplation en souffrit.

            Il a fallu attendre l'avènement de Thérèse de Jésus au XVIème siècle. La jeune Thérèse entre au Carmel de l’incarnation à Avila en Espagne et mène son combat spirituel qui la porte à une maturité spirituelle. Elle conçoit ainsi son projet de se constituer une petite communauté, un collège du Christ, animée d’un même idéal de prière et de vie fervente. Elle sait que la Règle qui gère le Carmel de son temps est mitigée mais elle a un zèle spirituel qui la pousse à vivre intensément l'idéal carmélitain à l'exemple de premiers ermites du Mont Carmel. C'est ainsi qu'elle choisit de vivre en accord avec la Règle la plus parfaite qui est la Règle primitive des ermites du Mont Carmel. Ce qui la pousse à réformer l’Ordre du Carmel féminin, l'entreprise qui s'étendra jusqu'à l'Ordre masculin. Pour ce dernier, elle associa le père Saint Jean de la Croix et, ensemble, ils travaillèrent corps et âme pour que le Carmel réformé prenne racine dans l'Eglise jusqu'à nos jours. Carmes déchaux et Carmélites cloîtrées, nous sommes donc de cette souche instaurée par Thérèse d'Avila et Jean de la Croix.

2.     Les carmes et les carmélites

            Les Carmes déchaux et les carmélites cloîtrées sont enfants d'une même famille. La Madre Thérèse, Mère réformatrice du Carmel, les a mis ensemble dès le début. Ils travaillent toujours en collaboration entre eux pour le bien de l'Eglise bien que chaque entité joue son rôle spécifique: les carmes dans la contemplation et la vie apostolique et les carmélites dans la contemplation stricte avec assignation à la clôture. Les deux ont pourtant un même père général qui est garant de tout l'Ordre; ils ont une vie communautaire animée par la fraternité professée et vécue; ils observent les deux heures d’oraison par jour. Ils sont enfants de mêmes parents spirituels: le père Jean de la Croix et la mère Thérèse de Jésus qui, de leur élan de réformateurs du Carmel et fondateurs du Carmel déchaussé, ont porté la mission évangélisatrice dans le monde entier en commençant par l'Espagne.

3.     La clôture

            C’est librement que nous avons choisi cette vie de clôture pour mener un combat spirituel à la gloire du Seigneur en faveur de son Eglise. Cette vie nous apprend à renoncer à tout intérêt personnel, à préserver la liberté intérieure, à travailler à l’harmonie de la communauté, à contempler le Christ de plus prêt tout en libérant notre esprit de ce qui le retient captif aux inclinations de la chair.

            La clôture est là, non pour nous protéger du monde, mais pour attirer la douleur du monde et ses besoins dans la solitude de l’âme devant son Dieu. Donc nous sommes là pour sauver les âmes, pour prier pour les défenseurs de l’Eglise et pour tous les prêtres qui sont les capitaines de l’Eglise, comme nous le recommande Notre Mère Sainte Thérèse de Jésus (Chem. 1).

            Nous ne quittons pas la clôture pour aller en vacance ; nous avons des sorties justifiées par une nécessité: les soins à l’hôpital, la formation et autres urgences qui s'imposent à la vie individuelle ou communautaire. Nos familles viennent nous visiter au parloir les jours établis par le programme de la vie monastique sauf pendant l'Avent et le Carême. En dehors de ces visites programmées par l'horaire, nous pouvons aussi accueillir certains visiteurs compte tenu de l'urgence ou de la nécessité. Généralement, le but de ces visites est d'avoir des nouvelles de nos familiers qui nous confient leurs intentions afin de les présenter au Seigneur. Mais aussi, les liens familiaux étant très forts et élargis, il y a aussi un besoin naturel chez une carmélite cloîtrée africaine de savoir concilier les exigences monastiques et la relation à la famille pour que les premières ne souffrent pas à cause de cette dernière.

 

4.     La vie commune

            Une carmélite africaine a des atouts lui facilitant la vie en commun au monastère: la solidarité vécue au sein d'une famille africaine. Chez nous au Carmel, tout se fait en commun : les actes liturgiques, les récréations, les fêtes, les dialogues fraternels. L’égalité et l’écoute sont très faciles entre nous. Tout cela se passe dans la joie, élément typique d’une communauté africaine thérésienne. Depuis la réforme, notre Mère sainte Thérèse de Jésus a toujours voulu un petit nombre des moniales: 12 moniales de préférence et 21 moniales au maximum par monastère. Dépasser ce nombre, on doit penser à une autre fondation. Ce choix n'est pas un hasard, c'est pour garder la concorde et la tranquillité dans ce colombier du Christ. C’est la raison pour laquelle, nous apprenons chaque jour à vivre la communion fraternelle en profitant de la richesse de nos dons les unes des autres ; car nous sommes ensemble en communauté, non pas par choix mutuel, mais par choix du Seigneur. Nous ne sommes pas différentes des autres femmes qui vivent dans le monde, nous sommes comme toutes personnes humaines ayant des défauts et des qualités ; nous apprenons à grandir tous les jours. La parole de Dieu de chaque jour, le sacrement de réconciliation, les exemples de nos saints du Carmel et de tous les saints de l’Eglise, les lectures spirituelles ; tout cela nous aide à nous découvrir d’avantage dans notre vie.

            Notre Saint Père, le papa François, dans son message écrit pour l’année de la vie consacrée, dit: « Il n’existe pas de moines avec un regard élevé vers les hauteurs célestes mais des yeux inclinés sur la terre. Le moine ne proclame pas sa proximité au Seigneur, il reconnaît une distance et confesse son propre péché ». Et saint Benoît disait: « Le moine n’est pas celui qui à trouvé, mais celui qui cherche toute sa vie ». Chaque sœur a dix jours de retraite personnelle, qui lui permettent de s’adonner plus intensément à la contemplation et qui favorisent le renouvellement spirituel personnel. Nous avons aussi des temps en temps des récollections personnelles et communautaires, même des retraites communautaires aussi. Tout dépend de l’organisation de chaque monastère.

5.      L’oraison

            L’oraison occupe une grande place dans la vie d’une Carmélite Thérésienne Africaine ; elle est notre âme. C’est dans l’oraison que nous soulageons notre âme en parlant à Dieu, non pas en disant des prières toutes faites en style littéraires, mais des paroles qui jaillissent de notre cœur. C’est là que nous essayons de garder contact avec Dieu, de vivre en sa présence, lui parler, lui demander ce dont nous avons besoin, nous plaindre à lui de nos peines, nous réjouir avec lui de nos joies. (Vie de Sainte Thérèse, 12. 2). Dans l’oraison, nous nous présentons devant le Seigneur telles que nous sommes ; la réalité de notre âme sans rien cacher de nos misères, de nos faiblesses ; notre oraison n’est pas un devoir, mais une inclination naturelle. L’oraison est un appel à la prière cachée pour rencontrer le Seigneur qui habite dans le secret et faire de son cœur une cellule intérieure, un lieu très personnel.

 

 

6.     Le travail

            Dans le silence et la méditation de notre clôture, chaque moniale travaille de ses mains à son office en silence. Dans la spiritualité thérésienne, le recueillement peut être pratiqué à chaque instant, même au cours de nos occupations, nous devons nous retirer en nous-mêmes, ne serait-ce qu’un moment. C’est l’exercice de la présence de Dieu en nous. Cet exercice, n’exclut cependant pas les temps d’oraison, par contre, il nous permet de nous habituer progressivement, de rester auprès de celui qui ne nous quitte jamais et qui nous aime. Cet exercice nous aide aussi à garder le climat de prière dans le monastère. On n’exclut pas cependant la possibilité d’un travail à faire en synergie. Il y a des moments où nous nous retrouvons ensemble pour un travail en commun lorsque la collaboration est requise. Même dans ce cas, nous veillons toujours à parler moins fort si c’est nécessaire pour ne pas déranger le silence et le recueillement des autres sœurs.

            Pendant le repas, nous écoutons la lecture de la Bible ou d’autres lectures utiles ; à moins qu’à l’occasion d’une fête ou d’une solennité, la prieure dispense exceptionnellement la communauté du silence. Elle nous lance alors le slogan: "Loué soit Jésus-Christ!" auquel nous répondons: "A jamais!" et les conversations commencent.

7.     La liturgie eucharistique

            C'est en africaines, avec tam-tam et autres instruments traditionnels, que nous participons chaque jour à la célébration de l’Eucharistie, source et sommet de la vie de l’Eglise. Notre liturgie est donc rythmée aux sons de ces instruments et parfois les chants sont accompagnés d'un pas de danse discrète. On acclame et on pousse un cris de joie. La présence du Christ dans l’Eucharistie est comme le centre de la communauté, c'est la joie, c'est la fête ; elle favorise l’union avec Lui et avec la communauté. Nous adorons régulièrement le Seigneur présent dans le tabernacle. Et le sacrement de réconciliation est fréquente pour nous rendre dignes de participer à la table du Seigneur avec un cœur uni au Christ et au prochain.

8.    La liturgie des heures

            Par cette prière liturgique nous nous unissons à la louange éternelle et supplions le Père, en union avec l’Eglise du ciel et de la terre, pour le salut du monde entier. Nous présentons d’une manière spéciale l’Eglise au Seigneur. Nous célébrons en commun chaque jour le cycle complet de la liturgie des heures selon les normes de l’Eglise en tenant compte de particularités de l'ordo propre à notre Ordre.

9.     La vierge Marie

            Notre famille est consacrée à notre Mère la Vierge Marie depuis les origines, les ermites avaient dédiée leur chapelle à Notre-Dame. Nous la célébrons solennellement le 16 juillet, sous le nom de « Notre-Dame du Mont Carmel ». C’est la principale de toutes les fêtes propres de l’Ordre. Tous les samedis, lorsqu’il n’y a pas de mémoire obligatoire, nous faisons mémoire de la Vierge Marie dans tout l’Ordre à la messe et à l’office Divin. Toutes les fêtes de la Vierge Marie, nous les célébrons avec relief spécial au Carmel, car Marie remplit de sa présence l’histoire de l’Ordre dès sa naissance sur le Mont-Carmel.

            Au Carmel, nous considérons la Vierge Marie comme modèle de prière, comme la vierge humble et sage qui accueille la parole du Seigneur, la femme forte et fidèle qui marche à la suite du Christ. Nos saints parents Thérèse de Jésus et Jean de la Croix l’ont confirmé et rénové la piété mariale du Carmel. En effet, ils présentent Marie comme mère et patronne de l’Ordre, comme modèle de prière.

            Par notre profession, nous sommes liées d’une façon particulière à la Vierge Marie. Et par le port du scapulaire, nous montrons que nous appartenons à son Ordre et voulons nous revêtir de ses vertus (Const. Des carmélites Chap. 3).

10.     Saint Joseph

            Joseph, époux fidèle de la Vierge et maître d’oraison est vénéré avec une grande affection au Carmel thérésien, suivant l’exemple et la doctrine de la Sainte Mère fondatrice. Il est le protecteur prévoyant de l’Eglise et de l’Ordre.

11.  Les Vertus

            En ce qui concerne les vertus, notre Mère Thérèse de Jésus nous dit ceci dans son livre "Chemin de perfection (chap. 16,6): « […] Le Roi de gloire ne viendra point dans notre âme, il ne s’unira pas à elle, si nous ne nous efforçons pas d’acquérir les grandes vertus ». Il ne s’agit pas des dons, la contemplation serait la récompense que nous acquerrions par nos œuvres. Le don de Dieu est gratuit et rien en nous ne peu l’obliger à se donner. La Madre nous demande de nous efforcer à les acquérir. Il s’agit d’une vertu de notre volonté, d’un désir vrai de vouloir les pratiquer, dans la mesure de nos possibilités réelles.

            Voici les trois vertus que la Madre recommande à ses filles:

a.      L’amour

            Il n’y a rien de plus difficile à supporter qui ne devienne facile à ceux qui s’aiment. Si ce commandement de la charité était observé dans le monde comme il doit l’être, il serait d’un secours puissant pour observer les autres. Mais par défaut ou par excès, on n’arrive jamais à accomplir ce précepte dans toute sa perfection (Chem.5). Notre Mère Sainte Thérèse ne nous demande pas d’avoir des amitiés particulières, mais d’aimer les vertus et les qualités intérieures des autres, avoir le désir constant de l’avancement spirituel des autres, sans avoir le moindre mélange d’intérêt propre.

b.      Le détachement

            Nous ne sommes pas au Carmel pour fuir le monde et chercher la sécurité, ou encore pour nous traiter avec délicatesse, non, nous sommes ici pour aider Jésus à porter le poids du monde. Considérons sans cesse que tout est vanité et combien tout est passager. Veillons, en outre avec beaucoup de soin à ne pas avoir d’attache pour une chose, si minime qu’elle soit. Détournons-en aussitôt notre pensée pour la diriger vers Dieu ; car c’est lui qui nous aide. Déjà, il nous a accordé une grâce, en nous appelant dans cette maison. Le principal est fait. Nous devons d’abords nous détacher de nous-mêmes et de lutter contre notre nature, car nous sommes fort unies à nous-mêmes et nous nous aimons beaucoup. Et la porte est ouverte ici à la véritable humilité. Cette vertu et celle du renoncement marchent toujours ensemble à mon avis (Chem. 11).

c.       L’humilité

            « Que chacune d’entre vous considère où elle en est de l’humilité, et elle verra où elle en est de ses progrès spirituels. Voici un conseil que je vous donne ; ne l’oubliez point. Non seulement vous devez avancer intérieurement dans l’humilité, sans quoi ce serait un grand malheur ; mais tâchez encore, par vos actes extérieurs de faire tourner votre tentation au profit des sœurs. Dieu nous préserve des personnes qui prétendent le servir et prennent soin en même temps de leur honneur ! C’est là, un mauvais calcul. Je l’ai déjà dit, l’honneur lui-même se perd dès qu’on le recherche. » (Chem.14)

            La Madre finit par nous dire : « Courage mes filles ! C‘est le moment de travailler à sortir de la terre d’Egypte. Lorsque nous aurons trouvé ces vertus, nous aurons trouvé la manne ; toutes les choses seront pleines de saveur pour nous. Quelques amères qu’elles soient aux gens du monde, elles nous paraîtront pleines de suavité (Chem.11) ».

            Conclusion

            Notre vocation est un appel à la prière silencieuse et cachée, qui nous aide à rencontrer le Seigneur qui habite dans le secret, et fait de nos cœurs une cellule intérieure. Avec un regard africain, la vie monastique se présente comme la vision et le vécu chrétiens de l'initiation traditionnelle africaine. Si cette dernière était périodique, la nôtre est perpétuelle. Nous nous entrainons au combat spirituel et apprenons les grands secrets de l'union à Dieu.

 

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carmélites Missionnaires thérésiennes

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Soeurs Carmélites Missionnaires

BREVE PRESENTATION DES SŒURS CARMELITES DE L’ORDRE DU CARMEL DECHAUSSE

1.      Introduction

les carmélites sont universellement connues à travers le monde comme des religieuses cloitrées dont le rôle dans l’Eglise est de « méditer jour et nuit la parole du Seigneur » ( Règle primitive des Frères de la Bienheureuse Viège Marie) dans le silence et la solitude, au sein d’une communauté fraternelle, afin de parvenir à la perfection évangélique et, si possible, « à gouter d’une certaine manière dans le cœur, à expérimenter dans l’esprit, la force de la divine présence et la douceur de la gloire d’en haut, non seulement après la mort mais même en cette vie mortelle » (Institution des premiers moines).

Cependant, déjà au moyen âge des femmes vivaient de l’esprit du Carmel : en France, en Angleterre, en Flandre, des recluses s’était placées sous la direction des carmes (On leur donnait l’habit de l’Ordre sans Scapulaire) et elles suivaient la règle des carmes.

D’autres femmes pieuses menaient dans le monde une vie consacrée à Dieu sous la conduite des religieux de l’Ordre soit isolement, soit en petite communauté.  Le carmel comptait donc des femmes consacrées mais pas des moniales. En 1450 fut construit à Florence le premier couvent, mais les religieuses n’étaient pas encore moniales par manque de clôture.

Lorsque le bienheureux Jean Soreth prit l’initiative pour la France, de fonder la branche féminine de l’Ordre en 1452, celle-ci eut tout naturellement pour mission de garder la vie strictement contemplative de l’Ordre. Lors du chapitre général du carmel en Mai 1452 en Cologne, une communauté des Béguines de Gueldre demande son affiliation au prieur général Jean Soreth. Celui-ci répondit affirmativement par la lettre du 10 Mai 145, mais c’est par son message du 14 Octobre 1453 que Soreth admet officiellement dans l’ordre les ex Béguines de Gueldre. A ce deuxième monastère il donna un authentique style de vie basé sur les constitutions des carmes en tant qu’elles étaient adaptables à la vie régulière des moniales. Ces carmélites observaient déjà la stricte clôture à l’exception de quelques sœurs qui devraient se charger du ravitaillement.

Le couvent de l’incarnation d’Avila devint célèbre par l’entrée du 2 Novembre 1535 d’une jeune fille de la ville Thérèsa de Ahumada. Celle-ci devrait élargir l’Ordre du Carmel.

 Il n’est donc pas surprenant qu’en entreprenant sa reforme en 1562, Thérèse d’Avila se soit inspirée de cette tradition primitive.

2.      Reforme et œuvres des carmélites

« Le monde est en en feu… Non, mes sœurs, non, ce n’est point l’heure de traiter avec Dieu d’affaires de peu d’importance. » C’est dans cet esprit que celle que nous appelons très affectueusement « La Madré » voulu aider les âmes de ses sœurs à réaliser les plus grands progrès possibles dans le service de Dieu. La première de ses Relations spirituelles date de 1560. En 1562, l’année même de la fondation du Carmel réformé, elle commence sur la demande du Père Pedro Ibanez le récit de sa vie et des grâces que le Seigneur lui a faites. Après avoir fondé quelques monastères et enrichi encore son expérience, Thérèse songe spécialement à la France ravagée par les guerres de religion.

Dans le langage courant de la pastorale et de la spiritualité, le terme « œuvre » désigne toute la gamme des activités du chrétien qui se dévoue au service du prochain.

Lorsqu’on considère l’activité débordante déployée par la réformatrice, surtout à partir de 1562, on est en droit de se demander si, en d’autres temps, elle n’aurait pas choisi une forme de vie active. En effet, en se dépensant comme elle l’a fait pour fonder elle-même quinze monastères en moins de vingt ans, développer et défendre sa réforme, soutenir ses filles et encourager ses collaborateurs, enfin poursuivre inlassablement son magistère de « Mère spirituelle ». N’oublions pas, tout d’abord que la réformatrice s’adresse à des religieuses cloitrées. Pour entretenir chez elles un idéal apostolique élevé et susciter un zèle des âmes pratiques.

3.      Carmélites d’aujourd’hui

Toutefois, nous devons nous demander comment nous pouvons répondre grâce  à notre charisme aux exigences des signes des temps dans l’Eglise et dans le monde, ainsi qu’aux grandes et légitimes aspirations humaines et religieuses des nouvelles générations. L’originalité de Thérèse d’Avila a en effet, consisté à introduire dans l’idéal contemplative des origines. Elle ne s’embrasse pas de références pour diffuser l’idéal missionnaire de l’ordre : il lui suffit de suivre le mouvement de sa propre expérience spirituelle enracinée dans les vérités fondamentales de l’Evangile. Son raisonnement est le suivant : tout élan de charité, s’il est authentique, tend à se communiquer. Aussi toute vie contemplative véritable comporte sa dimension missionnaire.

« Je ne vous demande rien de nouveau, mes filles », disait-elle aux religieuses pour les apaiser mais aussi pour les convaincre car, depuis elle, s’est renouvelée la figure de toute voie carmélite qui se situe au cœur de l’Eglise, à la fois comme contemplative et comme missionnaire.

Frère Daniel de la Croix O.C.D

 

BIBLIOGRAPHIE

 

1. l’idéal apostolique des Carmélites (Emmanuel Renault)

3. Le Carmel Thérésien Aujourd’hui (Luis Arostegui)

4. Le chemin de la perfection (Sainte Thérèse d’Avila)

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